Sites archéologiques de Bergeronnes

Archéologie de Bergeronnes

Aux Bergeronnes, une trentaine de sites archéologiques sont répertoriés sur l’ensemble de son territoire. Parmi ces sites, trois d’entre eux sont classés par le ministère de la Culture. Historiquement, ils témoignent d’une importante occupation des ancêtres des Amérindiens au Québec. Que ce soit de la paléohistoire, de la période de contact, du régime français et du régime anglais, le territoire de cette municipalité est riche. Son potentiel archéologique est connu depuis le début du siècle dernier. L’arrivée des premiers anthropologues a rapidement attiré l’intérêt sur les artéfacts. Depuis la fin des années soixante, l’archéologie subit un développement important  au Québec. De nombreuses campagnes de fouilles vont avoir lieu aux Bergeronnes.

La recherche archéologique nous démontre que de la préhistoire jusqu’à la période contemporaine, des humains se sont installés de façon temporaire ou permanente sur le territoire de Bergeronnes afin d’y développer, à partir des ressources du terroir, des activités à caractère social, économique ou artistique.

Le plus anciens des sites en Haute-Côte-Nord est situé au Cap de Bon Désir et remonterait à plus de 8500 ans.

Pourquoi s’installer ici, de quoi vivait-on? Quelles ressources étaient utilisées et comment? Les archéologues questionnent le sol depuis plus de 40 ans à l’analyse des vestiges et des objets découverts (artefacts), à l’aide de diverses techniques qui apportent la lumière sur notre passé.

École de Fouilles de Grandes-Bergeronnes Activités 1984-85

Fouille du site de la falaise 1

Fouille du site de la falaise 2


Les trois sites classés...

 

Site Lavoie

La période comprise entre 5500 et 3000 avant aujourd’hui marque le foisonnement des populations autochtones à la grandeur du territoire québécois. Malgré une variation de densité et d’espèces dans le couvert forestier, la morphologie, le cycle des saisons, la végétation et les populations animales ressemblent à ce que l’on connaît aujourd’hui. Vers 2000 AA, le niveau du fleuve a connu une transgression de 4 à 6 mètres qui a déposé des sédiments que l’on nomme aujourd’hui la terrasse Mitis. Les sites archéologiques qui s’y trouvent sont donc postérieurs à cet événement et les sites qui se trouvaient dans cette emprise (entre 0 et 6 mètres) avant la formation de cette terrasse ont été lessivés ou recouverts de sédiments.

Aux Bergeronnes, le site Lavoie témoigne d’une occupation concentrée autour de 5000 ans AA. Des milliers d’outils lithiques trouvés sur ce site racontent une histoire de chasse au phoque. Par reconstitution, la quantité d’ossements laisse entrevoir qu’une centaine de phoques auraient pu y être abattus et dépecés en une saison, quantité suffisante pour nourrir une population d’une centaine de personnes. La présence du phoque du Groenland, puis du phoque gris et enfin du phoque commun s’étale du début du printemps jusqu’à la fin de l’automne. Cela appuie l’hypothèse selon laquelle cette zone devait être occupée du printemps jusqu’à l’automne, les populations retrouvant alors le couvert forestier.

Par ailleurs, d’autres restes animaux ont été identifiés : béluga, castor, ours, renard, chien domestique, poissons et oiseaux de plusieurs familles différentes. Voilà qui confirme que ces peuples nomades se déplacent au gré des saisons et des migrations de ce cheptel sauvage. Fuyant les mouches l’été, retraitant en forêt à l’abri des vents d’hiver, chassant le phoque sur la banquise, sur les battures ou même sur les caps rocheux au printemps, attrapant l’anguille en septembre, dégustant le castor en hiver.
_______________

Site La falaise

Le site de la Falaise conserve les traces de deux moments d’occupation fort éloignés, un premier vers 2000 ans AA et un second il y a à peine 200 ans. Sur ce replat sablonneux niché à 10 mètres d’altitude, vivent une ou des familles de chasseurs-cueilleurs, au printemps ou à l’automne.

Les fragments de poterie récoltés sont couverts de motifs composés de lignes ondulantes très serrées, un décor largement répandu dans tout le Nord-Est américain de cette époque. Ces poteries ont probablement été obtenues lors d’échange avec des groupes qui faisaient un usage courant de la céramique et qui vivaient dans des régions plus au sud. Il est possible de retracer l’origine de l’argile utilisée dans la fabrication des vases à l’aide de l’activation neutronique.

Sur ce site, on imagine des familles ériger leur maison longue, cuisiner, apprêter la nourriture pour les réserves hivernales, travailler les peaux, construire des embarcations, traiter avec les voyageurs, festoyer, préparer des onguents et autres médecines à base de plantes. Hélas, ce site est présentement grugé par les grandes marées.
_______________

Site de l’Anse à la Cave

Les pêcheurs basques, espagnol et français ont devancé Cartier sur le Saint-Laurent. Au 16 -ème siècle, plusieurs douzaines de navires quittent chaque année l’Europe, pour aller chasser les baleines à travers le monde. C’est dans leur poursuite de la baleine franche que les Basques ont atteint le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent.

Des vestiges de leur présence ont été retrouvés en plusieurs endroits le long de la Côte-Nord et au Labrador, mais leurs activités furent surtout concentrées dans le détroit de Belle-Isle et près de l’embouchure du Saguenay. Les archéologues ont découvert des ruines d’établissement de ces chasseurs qui datent de la fin du 16 -ème siècle à Bon Désir et en face, sur l’île aux Basques.

L’Anse è la Cave fut le théâtre d’activités de ces baleiniers pendant plusieurs années. On y trouve des vestiges bien conservés de fours qui servaient à fondre la graisse des baleines; les traces d’un bâtiment et peut-être celles d’une forge. Plusieurs artefacts y ont été découverts; clous forgés, balles de plomb, éclats de pierre à fusil, canif et fragments de vases.

LIEN UTILE : Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Le site le plus ancien (8500 ans avant aujourd’hui)

Les traces de la plus ancienne chasse au phoque documentée sur la Haute-Côte-Nord ont été dégagées tout près du phare de Bon Désir. Un outillage particulier composé de gouges, d’herminettes, de grattoirs et de petites pièces translucides aux rebords tranchants, indique la transformation du bois et de l’os en outil. Un échantillon de charbon de bois prélevé dans une petite fosse contenant des os de phoque carbonisés a été daté au carbone 14. Un âge moyen de 8113 ans a été obtenu.

Il y a 8000 ans, des peuples amérindiens habitent déjà la région de la Haute-Côte-Nord. Et pourtant, à tout juste 300 kilomètres plus au nord, aux limites du réservoir Manicouagan, les grands glaciers poursuivent toujours leur lent retrait. Les populations nomades occupent alors ce territoire, se déplaçant au gré des saisons entre la rive du Saint-Laurent et l’intérieur des terres. Ils utilisent les voies naturelles que sont les grandes rivières et parcourent ainsi les forêts, pour y chasser le gibier comme le castor, l’ours et l’orignal, et le littoral où viennent s’accoupler les phoques gris au printemps.

Les traces les plus anciennes de l’occupation de la Haute-Côte-Nord par les nomades amérindiens ont été retrouvées sur les hauteurs du cap de Bon-Désir. Les 959 pièces relevées sur le site du phare de Bon-Désir permettent de reconstituer une partie de leur outillage utilisé au quotidien. On y trouve des outils de quartz surtout, de schiste et de chert : grattoirs, couteaux, herminettes, gouges. Le quartz, pierre très dure, permet aussi de tailler et travailler les bois, les os, les ivoires pour fabriquer des outils et des armes de chasse. Comme on retrouve cette qualité de quartz au sud-ouest du lac Saint-Jean et dans les Appalaches, on émet l’hypothèse qu’ils parcourent ce vaste territoire de la Côte-Nord et ont des contacts avec les peuples de la rive sud du Saint-Laurent.

Des questions restent ouvertes quant à leur consommation de viande de phoque. Était-elle séchée ou simplement consommée sur place ? Quoi qu’il en soit, la présence des phoques du printemps à la fin de l’automne donne des indices quant à la durée de leur séjour sur le littoral avant que les grands vents d’hiver ne les forcent à regagner la forêt.

Des sites comparables ont été trouvés sur la Côte-Nord, dans la région de Québec à l’embouchure de la rivière Chaudière et le long de la Côte du Maine. Les datations plus récentes des sites de la vallée du Saint-Laurent nous indiquent une possible origine de ces groupes dans le golfe du Maine. Les rivières Kennebec (Maine) et Chaudière forment d’ailleurs un corridor naturel reliant de manière quasi directe la côte atlantique et le fleuve Saint Laurent. Dorénavant, le site archéologique de Cap de Bon Désir fait partie du Centre d’interprétation et d’observation de Cap-de-Bon-Désir qui est géré par Parc Canada.

RÉFÉRENCE : Parcs Canada

_______________

© 2017 Tous droits réservés. Site réalisé par l’Agence BIX